L’agriculture biologique se donne pour objectif de respecter scrupuleusement les règles de la nature.
Cette définition vous semblera un peu abrupte et péremptoire et vous penserez peut être qu’il s’agit encore d’une lubie de citadin écologiste qui ne connaît rien aux choses de la campagne.
En fait, respecter les règles de la nature, signifie aussi les utiliser à son profit pour améliorer la qualité et la quantité de sa production agricole tout en préservant la qualité et la diversité de l’environnement.
Il suffit aujourd’hui d’allumer son téléviseur pour se rendre compte à quel point la recherche de profit à tout prix dans l’agriculture dite « moderne » l’a conduite vers des impasses dangereuses.
Lorsqu’il fait ses courses dans un supermarché, le citadin moderne, a l’impression d’entrer dans une jungle où le guette toutes sortes de dangers réels ou imaginaires tel que « vache folle », « maïs transgénique », « poulet à la dioxine », « listériose », « boeuf aux hormones » et « colorants cancérigènes ». Les belles tomates appétissantes qu’il aura achetées auront autant de goût qu’un verre d’eau et la vision de camps de concentration pour poulet lui donnera envie de devenir végétarien.
Ne sachant plus à qui faire confiance mais voulant à tout prix manger « sain » et manger « vrai », il a besoin d’être rassuré, quitte à payer un peu plus cher son repas.
La seule façon d’attirer à soi ce client exigeant mais fiable et rentable, c’est de s’imposer des règles strictes et d’accepter qu’un organisme indépendant et inflexible s’assure périodiquement qu’elles sont bien respectées. Voilà tout l’objet de l’agriculture biologique.
Appliquées à l’oléiculture, ces règles vous sembleront faciles à suivre à quelques rares exceptions près. Tout comme monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, peut être êtes vous déjà en train de faire de l’agriculture biologique sans vous en rendre compte.
Comme vous le verrez dans le paragraphe suivant, bien souvent les engrais et les traitements à utiliser ne sont pas beaucoup plus chers que ceux de l’agriculture classique et parfois même meilleurs marchés ou inutiles. Quant au produit final, l’olive salée, l’huile ou la pâte d’olive, qui aurait l’idée saugrenue d’y rajouter un colorant ou un conservateur quelconque ?
Le seul vrai inconvénient de l’agriculture biologique, pour nous oléiculteur, est un traitement contre la mouche de l’olive moins efficace. En effet, seuls les pièges à phéromone sont autorisés (voir maladies). Certaines années de forte infestation, cela pourra poser problème.
La France est un des pays européens où la part de l’agriculture biologique est la plus faible et où la demande est en plus forte expansion. Pour profiter de ce marché prometteur voici la démarche à entreprendre et les règles à suivre :
Si les principes de l’Agriculture Biologique ont été introduits en France après la Seconde Guerre Mondiale, sa première officialisation remonte à la loi d’orientation agricole (LOA) de 1980.
Le terme « Agriculture Biologique » apparaît en 1991 dans un règlement européen qui reconnaît officiellement ce mode de production (règlement CEE du Conseil n°2092/91 du 24 juin 1991 pour les productions végétales).
Vous pouvez consulter, en cliquant ici –> le texte intégral de ce règlement.
L’agriculteur qui veut bénéficier pour sa production de l’appellation « issus de l’agriculture biologique » doit déclarer son activité auprès de la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt. Il observe une période transitoire de deux ou trois ans dite « de conversion » avant de déclarer ses cultures « biologiques ». Cette période transitoire ne s’applique pas si votre terrain est en friche ou en jachère depuis plus de deux ans.
Il vous faut obtenir votre certification auprès d’un organisme agréé qui définit le cahier des charges et exerce les contrôles. Pour la France, la certification est assurée par les organismes ECOCERT, QUALITE FRANCE et ASCERT qui répondent aux critères d’impartialité et de compétence définis au niveau européen. Bien évidement, ces organismes se font rémunérer pour leurs prestations. Il en coûte de 2 à 3000 francs par an. Une partie de ces coûts peuvent être subventionnées par des aides et subventions diverses. Voir le chapitre « Economie / aides ».
Règles de transparence :
Chaque année, l’agriculteur biologique doit communiquer son programme de cultures et établir une comptabilité détaillée des matières premières qu’il achète et des produits qu’il vend. S’il pratique l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle sur une même exploitation, il doit clairement séparer les parcelles et les lieux de stockage.
Produits transformés : de 50% à 95% bio
Les produits biologiques transformés doivent être constitués à 50% et bientôt à 70% au moins, d’ingrédients originaires de l’agriculture biologique.
– Certains ingrédients agricoles non issus de l’agriculture biologique sont autorisés. Leur nombre est strictement limité.
– Certains ingrédients non agricoles sont également autorisés. Il s’agit d’additifs alimentaires naturels, d’eau, de sels, de préparations à base de micro-organismes, de minéraux et de vitamines.
Transport sous haute protection :
Les produits doivent être transportés sous emballage ou en conteneurs hermétiques pour empêcher tout mélange ou toute substitution. L’étiquette doit comporter toutes les mentions qui permettent d’identifier l’origine du lot.
Comment reconnaître un produit biologique ?
L’étiquetage des produits issus de l’agriculture biologique est soumis à des règles spécifiques selon le pourcentage d’ingrédients biologiques.
Bio à plus de 95% :
La mention « agriculture biologique » peut-être utilisée dans la dénomination de vente.
Bio à plus de 70% :
La mention « agriculture biologique » n’est pas autorisée. L’étiquette indiquera, par exemple : « 70% des ingrédients d’origine agricole ont été obtenus selon les règles de l’agriculture biologique ».
Bio en conversion :
Les produits agricoles non transformés et les denrées alimentaires composées d’un seul ingrédient d’origine agricole issu d’une exploitation en conversion peuvent porter la mention « conversion vers l’agriculture biologique ».
La mention de l’organisme certificateur est obligatoire sur tous les produits issus de l’agriculture biologique.
Les engrais :
Les engrais chimiques sont interdits. Les engrais minéraux comme le Patenkali sont autorisés.
En règle générale, on utilisera principalement les engrais organiques, fumiers, compost et engrais verts.
Nous avons vu qu’ils sont, utilisés comme engrais, déséquilibrés, très peu concentrés et demandent du temps pour être assimilables par les oliviers.
D’où l’importance, pour l’agriculteur biologique, de faire des analyses de sol et de feuilles périodiquement pour palier rapidement aux carences et aux excès en engrais et oligo-éléments.
A cet effet, plusieurs sociétés vendent des solutions concentrées, agréées par l’agriculture biologique. Il y a par exemple des solutions à base d’algues marines à pulvériser sur le feuillage à certaines époques de l’année.
Voici, expliquées en détail, les règles à respecter concernant l’utilisation des engrais et amendements :
A/ PRINCIPE DE BASES :
La fertilité du sol doit être avant tout maintenue selon les principes énoncés dans l’annexe I du règlement CEE 2092/91 modifié :
– la culture de légumineuses, d’engrais verts,
– des rotations appropriées,
– l’incorporation au sol de matières organiques issues d’exploitations pratiquant, l’agriculture biologique.
Si ces méthodes s’avèrent insuffisantes, il peut être fait appel aux mesures d’exception définies par l’annexe II A du règlement CEE 2092/91 modifié (1) , dans le respect des dispositions de la législation applicable sur les engrais.
L’utilisation des produits mentionnés doit dans certains cas être justifiée au moment du contrôle par une analyse de sol faisant état d’une carence, un plan de fumure raisonné, l’absence de matières organiques biologiques sur l’exploitation ou les exploitations alentours…
B/ EFFLUENTS D’ELEVAGE :
RAPPEL : La quantité totale d’effluents utilisés sur l’exploitation ne doit pas dépasser 170 kg d’azote par an par ha de SAU. Tous les effluents, bruts ou compostés, auto produits ou achetés, issus de l’Agriculture Biologique ou conventionnelle sont à comptabiliser.
ATTENTION : Cette limitation concerne tous les agriculteurs, compte tenu de la modification (19/05/00) de l’annexe I.a point 2.b du règlement 2092/91 modifié.
A) L’origine des effluents d’élevage : (1)
Les définitions suivantes sont à retenir :
- Hors sol :
Les effluents de ce type d’élevage sont exclus en agriculture biologique même compostés. La définition du hors sol correspond au cumul des deux critères suivants :
- système où les animaux sont la plupart du temps empêchés de se mouvoir librement sur 360° ou maintenus dans l’obscurité ou privés de litière, y compris notamment : les systèmes d’élevage en batterie, qu’il s’agisse de volailles ou d’autres animaux ; les unités de poulets d’engraissement, lorsqu’elles ont une charge supérieure à 25 kg/m2.
- élevage indépendant de toute autre activité agricole sur l’exploitation. Ce type d’élevage est mis en place dans des structures n’ayant aucune superficie agricole destinée aux productions végétales et permettant de procéder à l’épandage des effluents.
(1) Fumier, fumier séché et fiente de volaille déshydratée, compost d’excréments d’animaux solides, y compris les fientes de volailles et fumiers compostés, excréments d’animaux liquides (lisier, urines, etc…)
Cette définition est reprise par le chapitre 1 du cahier des charges REPAB-F, elle reste valable jusqu’en 2005. A partir de 2005, un élevage répondant au moins à l’un de ces deux critères sera considéré comme élevage hors sol.
- Extensif (règlement CEE n°2328/91) :
Ce type d’élevage dont les effluents peuvent être employés sans restrictions particulières correspond à un chargement inférieur à 2 UGB/ha pour les élevages de poly gastriques fondés sur l’utilisation de fourrages et parcours.
Le tableau ci-après de conversion en UGB figure dans l’annexe I du Règlement CEE N° 2328/91 du 06/08/1991 :
(UGB = Unité Grand Bétail.)
Taureaux, vaches et autres bovins de plus de deux ans.
équidés de plus de six mois. |
1 UGB |
Bovins de six mois à deux ans. | 0,6 UGB |
Ovins | 0,15 UGB |
Caprins | 0,15 UGB |
-
- Pour les volailles de chair : exigences établies pour » sortant à l’extérieur « , » fermier élevé en plein air « , » fermier élevé en liberté » (règlement CEE n°538/91)
- Pour les poules pondeuses : exigences établies pour » œufs de poules élevées en libre parcours » et » œufs de poules d’élevage semi-intensif » (règlement CEE n°1274/91)
- Pour les porcs sortant à l’extérieur : concentration maximale de 10 truies ou 17 porcs / ha .
- Intensif : Les matières organiques n’entrant ni dans la catégorie » extensif » ni celle » hors sol » sont issues d’élevage intensif. Le compostage des effluents issus d’élevage intensifs est obligatoire.
B) Le compostage et la fermentation :
1- Les fumiers et fientes :
Définition : Le processus de compostage est une fermentation contrôlée en tas, qui consiste en une décomposition aérobie de matières organiques d’origine végétale et /ou animale hors matières stercoraires.
L’opération de compostage vise à améliorer le taux d’humus. Elle est caractérisée à la fois par une élévation de température, une réduction du volume, une modification de la composition chimique et bio chimique, un assainissement au niveau des pathogènes, des graines d’adventices et de certains résidus.
Attention on ne peut considérer comme compostage : Les fientes mises en tas ou le stockage de déjections liquides sans support carboné. Le dépôt de fumier stocké par simple bennage, Le compostage dit de surface (épandage de fumier sur le sol et incorporation superficielle).
Les opérations suivantes sont recommandées :
Origine des fumiers | Fournir des garanties sur l’origine des fumiers ou des fientes.
Elevages hors sol interdits (cf définition annexe II-a du règlement CEE n° 2092/91 modifié) |
Humidification du fumier | Arroser le fumier si nécessaire (directement dans le bâtiment avant la sortie du fumier ou après la mise en andains ; objectif : 40 à 50 % de M.S.) |
Mise en andains | Le dépôt de fumier stocké par simple bennage ne constitue pas une opération de compostage.
Il est recommandé d’effectuer une mise en andains |
Retournements | Le compostage consiste en une décomposition en aérobie de matière organique.
Effectuer au moins un retournement après la mise en andains, afin d’aérer l’intérieur de l’andain pour permettre la dégradation de par les micro-organismes aérobies. |
Durée du compostage | L’opération de compostage est caractérisée par une élévation de température, une réduction de volume, une modification de la composition chimique et biochimique, un assainissement ; l’épandage doit avoir lieu au plus tôt 2 mois après la pise en andains afin d’obtenir un tel résultat. |
N.B. : Pour l’activation du compost, la préparation appropriée à base de végétaux ou de micro organismes non génétiquement modifiés peuvent être utilisés. Les préparations dites « bio dynamiques », à base de poudre de roche, de fumier de ferme ou de végétaux, également être utilisés.
2- Les lisiers : Doivent être utilisés après fermentation contrôlée ou dilution appropriée. La fermentation peut être accélérée par le brassage et / ou l’aération des fosses à lisier.
C/ MATIERES ORGANIQUES EXCLUES DE LA FERTILISATION EN A B :
- Boues de station d’épuration,
- Boues résiduaires d’industries agroalimentaires,
- Composts de déchets ménager (déchets issus du tri des ordures ménagères) ; les composts de déchets verts sont autorisés si issus de la collecte sélective de déchets verts,
- Toute matière première contenant des organismes génétiquement modifiés ou leurs produits dérivés,
- Les amendements calcaires et / ou magnésiens cuits ne sont pas autorisés en Agriculture Biologique. Seuls les calcaires crus broyés sont autorisés, la chaux vive ou teinte est par conséquent interdite.
Utilisation des farines de viande, farines de sang et poudres d’os :
Tout agriculteur souhaitant utiliser ces matières premières ou des produits en contenant, doit en informer son organisme de control par courrier au préalable.
GARANTIES A DEMANDER A UN FOURNISSEUR EN CAS DE RECOURS A DES ENGRAIS ET AMENDEMENTS EXTERIEURS :
Actuellement, les fabricants d’engrais et amendements ne sont soumis à aucun contrôle obligatoire de conformité à l’agriculture biologique.
Il existe toutefois des démarches volontaires de certification effectuées par des entreprises fabricantes.
En dehors de ce cas il appartient à l’utilisateur de vérifier lui-même la conformité des produits employés.
Pour cela, il est impératif d’obtenir avant tout achat :
-
- la liste exhaustive des matières premières entrant dans la composition du produit (attention : la composition analytique ne renseigne en rien sur l’original des matières premières, la fiche technique est indispensable si l’étiquette est incomplète sur ce point) et le type d’élevage d’où proviennent les déjections animales (extensif / intensif / biologique)
- La mention suivante sur facture à demander au fournisseur : » Produit utilisable en Agriculture Biologique conformément au règlement CEE 2092/91 modifié «
DEROGATIONS :
Aucune dérogation ne peut être obtenue pour un produit qui ne serait pas mentionné dans l’annexe I ou II du règlement CEE mis à jour.
Cependant l’annexe II est régulièrement modifiée et toute proposition d’ajout ou de retrait de produits doit être adressé aux organismes professionnels de l’agriculture biologique susceptibles de transmettre un dossier aux autorités compétentes.
Les produits phyto-sanitaires :
En règle générale, ils ne sont pas recommandés et interdits s’ils sont issus de synthèse chimique.
On privilégiera la lutte intégrée comme par exemple le lâcher de prédateurs ou le traitement avec des bactéries spécifiques qui s’attaquent à certains insectes nuisibles. C’est typiquement le cas pour le métaphycus en ce qui concerne la cochenille et le bacille Thuringiensis pour la teigne et la pyrale du jasmin.
Pour ce qui est des champignons comme l’oeil de paon ou la fumagine, les solutions cupriques sont autorisées. Toutefois leur dose d’emploi va très bientôt être fortement réduite car on s’est aperçu que son emploi n’est pas anodin. Par exemple, une trop forte concentration dans le sol réduit fortement la population de vers de terre. Des solutions biologiques de remplacement existent, elles agissent en rendant basique au lieu d’acide la surface des feuilles, ce que les champignons n’aiment guère.
Le problème principal de l’agriculture biologique en oléiculture est la mouche de l’olive. Seul les pièges, à phéromones ou alimentaire, sont autorisés. Le problème est qu’ils ne sont, pour l’heure,
pas très efficaces. Néanmoins, au dessus de 400 mètres d’altitudes et en respectant quelques règles simples, comme de ne pas laisser les olives piquées sur le sol, cet inconvénient est parfaitement supportable.
La règle d’or à respecter en agriculture biologique, pour ne pas se trouver en infraction et perdre sa licence est : tout ce qui n’est pas spécifié comme produit autorisé dans le cahier des charges est interdit.
La marque AB
Propriété du ministère de l’agriculture et de la pêche, la marque AB permet aux professionnels qui le désirent de faire connaître le mode de production biologique de leurs produits. Elle garantit :
– Le respect du règlement (CEE) n°2092/91 pour la production végétale ou les produits transformés composés essentiellement d’ingrédients d’origine végétale ;
– Le respect du cahier des charges français pour les productions animales et les produits d’origine animale ;
– Que l’aliment est composé d’au moins 95 % d’ingrédients issus du mode de production biologique ;
– Que le produit et au moins 95 % de ses ingrédients ont été contrôlés par un organisme certificateur agréé par les pouvoirs publics français .
Vous pouvez consulter, en cliquant ici –> le texte intégral réglementant l’utilisation de ce logo. (89Ko-format PDF, acrobat reader)
Le logo européen agriculture biologique
Depuis le mois d’avril 2000, le logo européen peut être apposé sur les produits et ingrédients composés d’au moins 95 % d’ingrédients issus du mode de production biologique obtenus conformément à la réglementation européenne et provenant uniquement du territoire de l’Union Européenne.
Vous pouvez consulter, en cliquant ici –> le texte intégral du règlement européen concernant l’utilisation de ce logo. (366Ko-format PDF, acrobat reader)