Lorsque l’on a coupé un vieil arbre pour le remplacer par un de ses rejets, il reste à faire un des travaux les plus pénibles de l’oléiculture : le dessouchage, à savoir enlever la souche de l’arbre.
Cette souche, qui avec les racines principales peut atteindre jusqu’à 4 mètres d’envergure, interdit de travailler et de fumer la terre tout autour du nouveau sujet.
Elle l’empêche de former sa propre souche de façon harmonieuse.
En produisant en permanence de nouveaux rejets, elle monopolise une quantité importante de sève.
Elle gène la pose des filets pendant la récolte.
Enfin et surtout, elle risque, en pourrissant, d’apporter le terrible pourridié (voir « Maladies) et d’entraîner son rejeton dans sa mort, si ce n’est de contaminer toute la plantation.
Le moment du dessouchage
Il faudra bien couper le cordon ombilical un jour
Le dessouchage ne doit pas se faire trop tôt pour laisser au jeune rejet le temps de profiter du vaste réseau de racines de son père et de former le sien propre. Lorsqu’il aura 4 à 5 ans et donnera ses premiers fruits, il sera temps de relever ses manches.
Appel à témoignage : Si vous connaissez une méthode plus efficace de dessouchage , sans danger pour le rejet et bien sur moins pénible que celle décrite ci-dessous, n’hésitez pas à en faire profiter tout le monde.
Disons tout de suite que la méthode de dessouchage « chimique » qui consiste à percer des trous d’une vingtaine de centimètres dans la souche, de les remplir tous les huit jours de chlorate de soude puis, au bout de six semaines, d’y verser de l’essence avant d’y mettre le feu, est impossible ici. Etant donné que la souche et le rejet ne forment qu’un seul être, ce serait la mort assurée pour ce dernier. Cette méthode efficace doit être réservée aux souches qui ne doivent pas produire de nouveaux sujets.
Méthode de dessouchage
La première chose à faire est de bien choisir l’endroit où doit se faire la séparation entre la souche et le rejet. C’est en général assez évident si le rejet a bien prospéré et a commencé à former sa propre souche. A cet endroit et de part et d’autre, on commencera à creuser le plus profondément possible pour arriver à dégager complètement ce point d’attache et pouvoir passer une main dessous.
Ce travail est pénible, mais il est déconseillé, à ce stade, d’utiliser un engin mécanique. Ils ne sont pas aussi précis qu’un bon coup de pioche.
Etant donné qu’il est impossible de savoir quelle direction ont pris les grosses racines dans le sol, ils pourraient, avec leur puissance énorme, en attraper une et soulever de terre le jeune rejet. S’il n’en meurt pas, sa croissance sera gravement retardée. Il faut maintenant couper à cet endroit. La tronçonneuse serait idéale si, bien souvent, des pierres n’étaient incluses dans le bois. Il faudra y aller avec beaucoup de précaution. La chaîne devra souvent être aiguisée et peut être même remplacée à la fin de l’opération. On peut aussi, si on n’est pas avare de sa sueur, utiliser la scie à fil en la passant sous le point d’attache. Lorsque la coupe est faite, il faudra passer à l’enlèvement de la souche elle-même.
Bien souvent son centre est creux ou pourri. Avec votre tronçonneuse, faites des entailles verticales de part et d’autre de l’endroit d’où partent les racines principales. Choisissez celle qui se trouve à l’opposé du rejet et, avec une pelle et une pioche dégagez la autant que votre courage vous le permet. Au moyen de coins en acier et d’une masse, il faudra alors agrandir les deux entailles qui la concernent et ce, jusqu’à ce que cette portion soit bien séparée du reste de la souche.
Il y a maintenant plusieurs solutions pour l’arracher du sol :
– Continuer à utiliser les coins, la masse, la pelle, la pioche et votre force physique jusqu’à ce qu’un craquement sec vous annonce votre victoire
– L’attacher avec un câble métallique, trouver un point d’ancrage solide à proximité pour pouvoir y fixer un treuil manuel. Ce point d’ancrage sera bien souvent la base d’un autre olivier. Pour ne pas abîmer son écorce, la meilleure solution sera de glisser sous le câble qui servira à attacher le treuil, un vieux pneumatique coupé en deux. Lorsqu’on mettra le câble en tension, il vaudra mieux ne pas se mettre dans son axe. Un câble qui lâche ou dérape brusquement est très dangereux. Lorsque vous achetez un treuil, il est toujours bien spécifié quelle tension il peut supporter mais, durant son utilisation, rien n’indique quelle force il est en train d’exercer. Entre lui, la souche et vous, il faudra bien qu’il se trouve quelqu’un de raisonnable sinon sa destruction est garantie.
– Si le creux dans la souche est suffisant, on pourra y glisser un crick de voiture mécanique ou hydraulique. De même, les écarteurs hydrauliques qu’on utilise en mécanique peuvent être très utiles. Cette méthode peut être associée à toutes les autres.
– Enfin, si par bonheur vous avez à votre disposition un engin de chantier ou un tracteur agricole, il suffira d’y fixer le câble pour vous faire économiser des litres de sueur. Une automobile 4X4 équipée d’un treuil électrique est aussi une excellente solution.
Il vous reste maintenant à répéter l’opération et découper la souche en autant de portions que nécessaire.
Selon la profondeur à laquelle vous avez dégagé chaque racine et, par conséquent, l’endroit où elles auront cassé, il risque de rester dans la terre des portions assez grosses qui émettront chaque année des rejets et gêneront le travail du sol. Elles pourraient aussi pourrir et apporter des maladies. Il vaut mieux avoir encore un peu de courage et les enlever au maximum. A ce stade, on pourra utiliser, sans danger pour le rejet, un engin mécanique style tracto-pelle.
L’emplacement de la souche est maintenant un vaste trou qui peut atteindre jusqu’à un mètre de profondeur. Si, avant de le combler avec la terre déplacée, vous déversez au fond quelques brouettes de fumier ou de végétaux en décomposition et quelques poignées d’engrais lents (Voir Chapitre « La terre »), le jeune olivier vous en remerciera par une croissance et une production exceptionnelle. Toutefois il faudra absolument éviter que cette fumure ne touche ses racines ou sa souche afin d’éviter leur pourriture.
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