La Mouche de l’olive
Voilà sans conteste le principal ennemi de l’oléiculteur, surtout dans notre région où la production d’olives de table est très importante. On a déjà vu, certaines années de forte attaque, des récoltes perdues en presque totalité. Si on a le temps de récolter les olives avant qu’elles ne tombent, l’huile sera de mauvaise qualité et acide. Quant à les garder pour la table, il vaut mieux ne pas y penser : la norme interdit plus de 2% d’olives véreuses dans un lot et il est extrêmement difficile et fastidieux de les trier correctement.
La mouche de l’olive ressemble effectivement à une petite mouche de 5 mm de long. Elle possède des ailes parfaitement transparentes avec un petit point noir à leur extrémité. C’est là son signe distinctif. On peut aussi la reconnaître à son corps marron clair rayé de deux bandes noires sur l’abdomen.
La femelle pond un oeuf à la fois dès que les olives ont atteint une taille de 9 ou 10 mm de long, c’est à dire dès le mois de juin pour les oliveraies situées au niveau de la mer. Comme elle pondra jusqu’à trois ou quatre cent fois dans sa vie, c’est plus d’un demi kilo d’olive qui sera perdu pour chaque individu. Son pouvoir de nuisance est encore multiplié par le fait que sa descendance aura le temps de se reproduire deux fois avant le début de l’hiver.
La femelle pond en enfonçant son « ovipositeur » dans la peau de l’olive. C’est un dard très fin dont la piqûre est pratiquement invisible. De l’oeuf minuscule, sortira au bout de deux jours, une petite larve qui se nourrira de la chair de l’olive en creusant une galerie.
Neuf jours après sa naissance, l’asticot est prêt pour sa métamorphose en mouche. Cela se fera à l’intérieur même de l’olive et prendra dix jours environ. L’insecte sortira alors en faisant un trou de 1 mm dans la peau de l’olive. Ce trou est parfaitement visible et caractéristique, il forme une petite tache brune aux bords nécrosés.
Si vous avez bien calculé, vous avez trouvé qu’une mouche a donné naissance à un rejeton prêt à se reproduire au bout de vingt et un jours. Cela bien sur lorsque les conditions ont été optimum pour lui, c’est à dire par une température moyenne de 25 degrés.
Pour que la lutte contre la mouche de l’olive soit vraiment efficace, il faudra l’entreprendre de bonne heure afin de ne pas laisser la première génération se développer. En général, il faudra s’en préoccuper dès le mois de juin pour les oliveraies les plus basses et juillet ou août pour celles situées à plus haute altitude.
Un réseau de surveillance a été mis en place et des avis d’alerte sont diffusés régulièrement dans la presse spécialisée, de plus il existe dans le commerce des insecticides biologiques ou pieges pour lutter contre la mouche de l’olivier.
La détection des vols de mouche se fait à l’aide de piège à phéromone.
Sur le fond de ce piège est disposée une plaque de carton enduite de glue. Une petite capsule de phéromone attire les mâles de la mouche qui finissent par s’engluer sur la plaque.
Le comptage est fait deux fois par semaine, depuis le debut juillet jusqu’à fin octobre. Les organismes oléicoles collectent ces résultats et diffusent les bulletins d’alertes si nécessaire.
On peut aussi faire la surveillance soi même en accrochant dans quelques arbres et sur une branche exposée au sud sud-ouest, un piège à guêpe rempli de phosphate d’ammoniaque dilué dans de l’eau à 50g/litre.
Les attaques de la mouche de l’olive sont très variables selon les années. Cela est dû au fait qu’elle est très sensible à la température. Elle ne supporte pas celles supérieures à 42 degrés.
D’autre part, l’espèce se perpétue l’hiver sous forme de pupe (l’équivalent du cocon chez le papillon) enterrée à 5 ou 10 cm dans le sol. Une terre gelée en profondeur lui sera fatale.
La lutte la plus efficace est un traitement partiel de l’arbre avec un mélange d’attractif alimentaire, le « Buminal » (1,2 cl par litre d’eau) et d’un insecticide le fenthion (Lebacid), autorisé jusqu’à fin Août;t, et le diméthoate (Dimézil) à la dose de 0,6 cl par litre d’eau. A grosses gouttes, on asperge une branche exposée au sud, sud-ouest, de préférence le matin ou le soir. Le traitement doit être renouvelé tous les quinze jours jusqu’aux premiers froids et particulièrement après une forte pluie. Un petit truc bien utile : marquez la branche traitée en y attachant une ficelle de couleur. Cela permettra de la reconnaître à chaque traitement, surtout si ce sont plusieurs personnes différentes qui s’en charge.
On peut aussi traiter l’ensemble de l’arbre lorsque les bulletins d’avertissement agricoles signaleront un vol de mouches important. On utilisera une solution d’insecticide, par exemple « Lebaycid » à 75cc/hl sur la totalité de la frondaison.
Ce traitement à l’inconvénient de tuer aussi les insectes utiles et d’aggraver la situation les années suivantes non seulement en ce qui concerne la mouche mais aussi les autres insectes nuisibles de l’olivier.
Pour rester dans la légalité, il faudra respecter les délais avant la récolte mentionnés sur les emballages des insecticides. En général trois à quatre semaines. Les deux formes de traitements ci-dessus sont interdites en agriculture biologique. Seuls sont autorisé les pièges à phéromones sexuelles (Voir « agriculture biologique »).