Définition du sol
Le sol est en fait la dégradation de la roche primaire par l’érosion. Cette roche primaire est soit d’origine volcanique soit d’origine sédimentaire. C’est bien souvent cette dernière que l’on rencontre dans notre région. Il y a plusieurs millions d’années, juste à l’endroit où se trouve votre salle à manger, s’étendait un immense océan. Pendant des millénaires, des sédiments venus des terres émergées et de la vie marine se sont accumulés au fond sur des centaines de mètres d’épaisseur. Beaucoup d’entre nous en trouvent encore les traces aujourd’hui sous forme de coquillages incrustés dans certains rochers. La pression énorme et la température que subissaient les plus basses couches, ont transformé les sédiments en roche dure et compacte.
C’est alors que l’Afrique a commencé à se déplacer vers le nord. Elle est entrée en collision avec la plaque européenne, provoquant la disparition de l’océan primaire et la formation des Alpes qui, encore aujourd’hui, continuent à se soulever. Les restes de l’océan primaire s’appellent aujourd’hui Méditerranée, mer Caspienne et mer d’Aral et sont en train de disparaître à leur tour.
Des millions d’année de pluie, de gel et de dégel, de vent ont transformé cette masse compacte et stérile en un mélange plus ou moins homogène de sable, graviers, pierres et rochers. Lorsque la vie est apparue sur notre planète, deux éléments essentiels se sont ajoutés à ce mélange : l’humus et les micro-organismes.
Pour nous agriculteurs, c’est seulement lorsque ces deux éléments sont présents que nous pouvons parler de sol.
D’un point de vue granulométrique, les différents constituants sont classés en 6 catégories :
- L’argile dont les grains font moins de 0,002 mm de grosseur.
- Les limons. Entre 0,002 mm et 0,02 mm.
- Les sables fins. Entre 0,02 et 0,2 mm.
- Les sables grossiers. Entre 0,2 et 2 mm.
- Les graviers. Entre 2 et 20 mm.
- Les pierres qui sont supérieures à 20 mm de grosseur.
La roche mère, qui a donné tous ces éléments ou qui les supporte, pourrait être rajouter à cette liste puisque, selon sa compacité et sa profondeur, elle constituera un obstacle mécanique à la propagation des racines.
Nous n’avons pas mentionné, dans cette liste, l’humus. En fait, si nous parlons du sol comme du milieu où le végétal puise sa nourriture, nous aurions du omettre également l’argile.
En effet, ces deux éléments sont des « colloïdes » alors que tous les autres ne sont que des supports « mécaniques ».
Qu’est qu’un colloïde ?
C’est un corps qui a la propriété de se mettre en solution colloïdale. Mais encore ?
Une suspension colloïdale est une fausse solution. C’est un mélange de fines particules qui, une fois que l’eau de la « solution » s’est évaporée, forment une sorte de gelée.
En quoi cela intéresse-t-il mes oliviers ?
Les colloïdes ont des propriétés physiques, chimiques et électriques qui sont d’une importance vitale pour l’absorption des minéraux par les racines de nos arbres.
Une suspension colloïdale est par définition instable : l’introduction d’un sel ou d’un acide, selon la nature du colloïde qui nous intéresse, la rompt, c’est la « floculation ». On obtient un précipité terreux et non gélatineux. Pour remettre de nouveau ce précipité en floculation, il suffit d’y réintroduire le sel ou l’acide opposé. Par exemple, les colloïdes à charge électrique négative, dits électronégatifs, comme l’argile et l’humus, se dispersent dans une base et floculent en présence d’un acide. Les colloïdes à charge électrique positive sont dits électropositifs. L’acidité les disperse et l’alcalinité les flocule.
L’argile sous forme colloïdale, donc gélatineux, rend le sol imperméable, collant et difficile à travailler. Lorsqu’on y mélange du calcaire, qui est un sel de charge électrique positif, il flocule et ressemble à du sable. De même l’humus, dans un sol fortement calcaire, disparaît rapidement alors qu’il reste longtemps dans un sol très acide comme les tourbières.
Nous commençons à comprendre que la teneur en calcaire, en argile et en humus aura une influence directe sur la santé et la productivité de nos oliviers.
D’autant plus lorsque nous saurons que la plupart des engrais que nous leur donnons à manger sont également des sels basiques ou acides qui participeront à la floculation ou à la mise en solutions colloïdales de l’argile et de l’humus.
Vous avez sans doute déjà remarqué qu’un sol trop acide ou trop calcaire est peu fertile. Il faut une certaine acidité pour casser les molécules de sels minéraux, afin qu’ils soient absorbables par les plantes mais ceux-ci sont alors remplacés par des ions hydrogène et le sol redevient acide et s’appauvrit. Le calcaire et les sels minéraux utiles aux plantes doivent être légèrement en excès pour corriger à nouveau cette acidité, chasser l’hydrogène et être à tout moment disponibles au niveau des racines. Ces éléments font un incessant va-et-vient c’est pourquoi on les appelle des « bases échangeables » . Nous comprenons maintenant également pourquoi la terre idéale pour nos oliviers est une terre légèrement calcaire mais avec de l’argile et raisonnablement pourvue en humus bien décomposé
Qu’est ce que le PH
Afin de bien évaluer le degré d’acidité ou d’alcalinité d’un milieu, nous avons besoin d’un moyen de mesure précis qui nous permettra de situer les caractéristiques de notre sol ou des produits que nous y incorporons. Nous utiliserons le PH. Cet indice prend une valeur de 0 à 14. Un pH de 7,0 est dit neutre, alors que les valeurs inférieures et supérieures à 7,0 correspondent à des milieux acides et alcalins (ou basiques). Plus le pH du sol est faible, plus celui-ci est acide ; plus son pH est élevé, plus le sol est alcalin. Par exemple, voici le pH de certains milieux et solutions courants : eau pure : 7,0 ; jus de citron : 2,2 à 2,4 ; jus d’orange : 3,4 à 4,0 ; lait frais : 6,3 à 6,6 ; solution savonneuse : 8,5 à 10.
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, le PH exprime en fait la quantité d’ion Hydrogène H+ libre dans une solution. Plus il y en a, plus la solution est acide.
Les analyses de sol
Avant la plantation d’une oliveraie, en cas de problèmes graves et récurrents et enfin tous les 5 à 10 ans, il convient de savoir ce que vaut la terre où poussent nos oliviers et comment l’améliorer.
La meilleure façon de le savoir est de faire une analyse de sol.
Elle nous apprendra deux choses : sa composition physique, c’est à dire sa structure, et sa composition chimique, c’est à dire les minéraux qui pourront profiter à nos oliviers.
Une analyse physique faite correctement, doit nous indiquer :
– La granulométrie du sol, c’est à dire la proportion de limon, sable, gravier.
– La proportion de calcaire actif et total.
– La proportion de matière organique
– Et enfin le PH moyen qui est de la plus grande importance.
L’analyse chimique nous indiquera la quantité d’aliments disponibles pour nos oliviers.
– La potasse.
– Le phosphore.
– Les oligo-éléments. En particulier le magnésium et le bore.
– Le dosage des bases échangeables.
Elle nous indiquera surtout les excès et carence de tous ces minéraux et nous donnera des indications précieuses pour y remédier.