De part les caractéristiques de notre région ill y a donc de fortes chances que, si nous décidions de créer une oliveraie à flanc de colline ou de montagne, comme d’ailleurs la grande majorité de celles existantes.
En effet, notre région est une région de montagne où les terrains plats sont plutôt rares. Vous avez peut être aussi remarqué que notre région est très touristique et que l’immobilier gagne du terrain (sans jeu de mot) chaque année. Ces parcelles plates et si rares sont également très chères.
Règles dans le choix du terrain pour son oliveraie
- L‘exposition est de première importance. L’idéal est une exposition Sud/Sud Est. En tout état de cause une exposition Nord c’est à dire l’Ubac, est à proscrire.
- Les fonds de vallée ou de vallon sont également inadéquats car l’air froid qui s’y accumule ne convient pas du tout aux oliviers qui, s’ils n’en meurent pas, végèteront, seront malades et ne donneront qu’une maigre récolte.
- Le terrain ne devra pas être trop lourd et gorgé d’eau en permanence ce qui entraînerait les mêmes effets que ci-dessusn un terrain argileux n’est donc pas recommandé..
- Pourtant la nature du terrain n’est pas une question vitale car l’olivier est très accommodant. Comme mentionné dans le paragraphe ci-dessus, il accepte aussi bien les sols acides que les sols calcaires. L’idéal est un sol légèrement basique. Si la nature du terrain que vous aurez acquis s’en écarte trop, il conviendra de l’amendé comme indiqué dans le chapitre « Amendements »
- Un accès routier à la parcelle est absolument indispensable. Si vous n’avez pas monté une pente avec un sac d’engrais de 50kg sur le dos, essayez avant de vous faire une opinion sur l’importance de ce point.
- Si l’on rêve d’une oliveraie productive, il sera indispensable de disposer d’une ressource en eau abondante et de bonne qualité c’est à dire non polluée et sans chlore. Il est aussi très important pour l’équilibre budgétaire de votre projet que cette eau soit bon marché sur le long terme et même si possible gratuite.
- Les intempéries de ces dernières années nous l’ont rappelé : les éboulements de terrains sont un risque très fréquent dans notre région. Il faudra bien étudier la parcelle où l’on veut établir notre oliveraie, si possible avec le conseil d’un expert, afin de déterminer les risques géologiques. Faute de quoi, le travail de toute une vie pourrait partir en torrent de boue en quelques secondes.
- Enfin l’altitude ne devra pas être trop élevée. 700 mètres est un maximum. Une altitude de 400 ou 500 m n’est pas un handicap, bien au contraire, surtout si nous voulons produire des olives de tables. Les attaques de la mouche, qui sont un véritable fléau au niveau de la mer, seront moins importantes à ces altitudes.
Nous avons donc trouvé l’endroit idéal pour établir notre oliveraie.
Le debroussaillage du terrain de la future oliveraie
La première opération sera le débroussaillage. Tous les arbres présents seront abattus sans remord. Exceptionnellement, on pourra laisser en place quelques arbres fruitiers de valeur mais ils devront être en large minorité par rapport aux futurs oliviers. Sachez que, si vous voulez faire partie de l’AOC « olive de Nice », il se peut qu’on vous demande de les abattre un jour.
Si on croit aux vertus d’une agriculture raisonnée et respectueuse de l’environnement, il serait intelligent de laisser sur le pourtour de la parcelle une bande de végétaux indigènes, en particulier des arbustes qui seront un abri pour les insectes auxiliaires et nous aiderons à maintenir les nuisibles dans des limites tolérables et sans traitements chimiques.
Reportez-vous aux chapitres sur « La culture Bio » pour voir quels sont les végétaux les plus avantageux de ce point de vue.
Le débroussaillage produit une quantité de végétaux impressionnante dont il faudra bien se débarrasser. Le bois de bonne taille sera évidement débité et réchauffera nos vieux os durant l’hiver. Pour les branches et autres broussailles, il y a deux solutions :
– Le feu qui est moins fatigant et laissera un sol propre. Il faudra choisir l’époque des travaux en fonction des dates ou les feux sont autorisés. La fin de l’automne est la meilleure.
– Si on choisit de broyer les végétaux, l’époque importe peu. Il faudra impérativement composter le tas de débris obtenu et ne pas l’étaler sur le terrain. Ceci évitera les problèmes sanitaires (pourridié, verticillose), facilitera les travaux d’aménagements et fournira, au moment de la plantation des jeunes oliviers, une quantité non négligeable de précieux terreau.
Toutes les souches et racines devront être retirées et brûlées ou débitées. Ce point est très important car il évitera la repousse des rejets qui auront tôt fait de prendre le dessus sur les jeunes oliviers. D’autant plus que, lorsque ceux-ci seront installés, il sera d’autant plus difficile de lutter contre ces indésirables. D’autre part, les souches et racines pourrissantes risquent d’amener le terrible pourridié qui décimera les jeunes arbres quelques années plus tard.
C’est un travail pénible et l’aide d’un engin mécanique sera appréciable. Pour les plus grosses souches on pourra utiliser la méthode du chlorate de soude. On percera quelques trous de gros diamètre dans le bois qu’on remplira de ce désherbant. A mesure que le produit est absorbé par les racines, on remplira de nouveau. Après trois ou quatre mois de ce traitement, on versera de l’essence dans les trous et on y mettra le feu. La souche et les racines se consumeront entièrement en quelques jours.
Aspect esthétique de l’oliveraie
Nous pouvons enfin contempler notre terrain.
Certains murs de pierres sèches ou talus herbeux des restanques sont éboulés. Certaines restanques (ou « planches » comme on dit chez nous) sont plus étroites que nous ne le pensions et il est évident qu’elles ne laisseront pas passer un engin mécanique. Il ne faudra pas hésiter à remodeler le terrain de manière importante pour le rendre accessible partout et créer des rampes d’accès à toutes les planches. Votre oliveraie est un endroit où plusieurs générations de vos descendants vont travailler. Toute erreur ou étroitesse de vue de votre part va leur compliquer la vie pour de nombreuses années ou même les détourner à jamais de l’oléiculture.
Une autre question de première importance va encore se poser à vous :
Faut-il refaire les murs de pierres sèches, les remplacer par un simple talus herbeux ou construire des murs en maçonnerie ?
On dit que les murs de pierres sèches que faisaient nos anciens pouvaient tenir des siècles. C’est très exagéré. La vérité est qu’ils devaient bien souvent refaire les portions qui s’éboulaient car c’était vital pour eux. D’autre part, il n’existait pas à l’époque d’engins mécaniques qui mettent à mal le rebord des restanques.
Si la restanque est large et la déclivité du terrain raisonnable, il est préférable d’opter pour un talus herbeux.
Pour les planches étroites et les terrains très en pente, l’idéal est le mur de pierre maçonné. Malheureusement, cela coûte une petite fortune… mais on n’a rien sans rien en ce bas monde … Tous les engins que vous aurez à utiliser (broyeur, compresseur, motoculteur ou tracteur avec charrue, pulvérisateur) devront circuler aisément dans toutes les parties de l’oliveraie. L’emplacement des conduites d’eau pour l’irrigation et même d’un réservoir, est aussi de première importance. Une fois tous ces travaux de terrassement terminés, il est temps de nous occuper du sol.
Ce sol, où vont vivre pendant des décennies nos oliviers, doit faire l’objet de tous nos soins. En premier lieu, il convient de savoir ce qu’il vaut et une analyse de sol est indispensable.
Voir au chapitre « La terre / le sol » comment procéder.
En fonction des résultats, on apportera les amendements et engrais nécessaires afin de la rendre le plus proche possible de la terre idéale pour un olivier. C’est encore une fois un investissement qui sera rentabilisé largement sur un grand nombre d’années.
Avant l’enfouissement de ces amendements et engrais, le sol, qui a été tassé pendant des décennies ou des siècles, devra être défoncé le plus profondément possible à l’aide d’un engin mécanique. 80 cm est un minimum. Cela aérera la terre, augmentera l’activité microbienne et facilitera la pénétration des racines de nos jeunes oliviers. On peut, aux endroits où vont être plantés les arbres, utiliser les explosifs afin de fissurer le sol sur une plus grande profondeur. Pour ce faire, il faut absolument passer par une entreprise spécialisée pour éviter les ennuis avec sa santé, les voisins et la justice.Les mauvaises herbes et particulièrement les persistantes et arbustes tels que les ronces, les genets et autre salsepareille ou chèvrefeuille, vont profiter de cette terre enrichie et meuble pour envahir votre future oliveraie et la transformer en jungle en quelques mois.
Que les écologistes fanatiques me pardonnent, mais la seule façon de lutter avec une chance de succès contre ces indésirables (les mauvaises herbes… quoique…) est d’utiliser un désherbant chimique systémique. Certains, bien qu’assez cher, sont d’une efficacité redoutable si on les utilise au printemps, lorsque ces plantes sont en pleine croissance. Ce n’est que l’année suivante que la plantation interviendra.
Nombre d’oliviers à planter par hectare dans une oliveraie
Une autre question vitale va alors se poser : combien d’oliviers planter et où ?
Tout d’abord, il faut savoir que la densité ne devra pas excéder 400 arbres à l’hectare si on veut bénéficier de l’appellation d’origine contrôlée « Olive de Nice ».
Mais 400 oliviers à l’hectare est vraiment un maximum. L’idéal est de 200 à 250 oliviers par hectare. Chaque arbre devra disposer au minimum d’une surface de 6 par 7 mètres. Au delà, les soins du sol et des arbres deviendront trop difficiles et ils ne pourront se développer et produire correctement.
On pourra les espacer plus si on veut faire un peu de culture entre les rangs mais il faut savoir qu’on ne pourra alors faire partie de l’AOC, tout au moins dès que les arbres auront 5 ans et seulement s’ils sont irrigués.
Si les restanques ne peuvent recevoir qu’un seul rang d’oliviers, ils devront être plantés impérativement au bord du mur ou du talus. C’est là qu’ils trouveront assez de terre et de lumière pour se développer et qu’ils gêneront le moins les déplacements des engins mécaniques.
Enfin, il est important qu’ils soient disposés en quinconce et non alignés dans le sens de la pente afin de disposer du maximum d’ensoleillement.