Comme son nom l’indique, le rôle des amendements est « d’amender » le sol c’est à dire d’améliorer sa structure ainsi que son PH et si possible gommer ses défauts.
Le terme « améliorer » est trop restrictif car l’usage des amendements est aussi d’entretenir le sol et conserver ses qualités.
Nous avons vu que dans un sol trop calcaire, l’humus disparaît rapidement. Il faudra y incorporer des quantités plus importantes et plus souvent. A l’opposé, un sol acide dans lequel nous avons incorporé du calcaire redeviendra acide après quelques années car c’est l’évolution naturelle d’un sol où poussent les végétaux. Il faudra donc périodiquement y incorporer du calcaire afin qu’il soit si possible idéal pour nos oliviers.
Le calcaire
Le calcium, principal constituant du calcaire, est à la fois un oligo-élément indispensable à l’alimentation des plantes, un des quatre constituants du sol avec la silice, l’argile et l’humus mais aussi un amendement car ses ions calcium ont la propriété exclusive de chasser et remplacer les ions hydrogènes qui rendent le sol acide.
D’autre part, comme nous l’avons vu dans le chapitre « le sol », le calcium est une base qui à la propriété de faire floculer l’argile et de le rendre ainsi perméable et plus facile à travailler. A ce titre, si vous avez un terrain trop argileux, il est irremplaçable.
Le sol perd naturellement une certaine quantité de calcium tous les ans.
Pour un hectare, en moyenne :
– 100 à 150 Kg sont prélevés par la récolte.
– 220 Kg entraînés par les eaux de pluie ou d’irrigation.
– De 100 à 300 Kg peuvent être neutralisés par l’emploi de certain engrais, herbicide ou produits phytosanitaires.
Généralement, dans notre région, le sol est largement assez calcaire pour ne pas avoir à intervenir. Bien souvent c’est l’excès de calcaire qui pose problème.
Néanmoins quelques terrains particuliers peuvent être trop acides et demandent à être amendés par un apport de calcaire.
Encore une fois, une analyse de sol est absolument nécessaire avant d’intervenir afin de ne pas faire des erreurs qui vous coûteraient cher en argent et vains efforts.
Voici en gros les quantités de chaux à apporter pour corriger un sol acide :
PH
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Sol siliceux léger (sableux)
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Sol moyen (sable + argile)
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Sol argileux compact
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Au dessus de 6,5 | Inutile d’intervenir | Inutile d’intervenir | Inutile d’intervenir |
De 6 à 6,5 | 2 t à l’hectare | 3,5 t à l’hectare | 5 t à l’hectare |
De 5,5à 6 | 3 t à l’hectare | 5,5 t à l’hectare | 7,5 t à l’hectare |
De 5à 5,5 | 4 t à l’hectare | 7 t à l’hectare | 9 à 10 t à l’hectare |
La chaux doit être épandue au début de l’automne afin d’être dissoute par les pluies et être efficace au printemps suivant.
D’autre part, la chaux rendra très actifs tous les phénomènes du sol, chimiques et organiques. Elle va donc épuiser rapidement les engrais et l’humus du sol et, si on n’y prend pas garde, le rendre plus pauvre au lieu de l’améliorer. La fumure et l’apport de matière organique devront être augmenté de 20 à 50 % après un chaulage, selon la quantité apportée.
Un chaulage excessif qui ramènerait le PH au-dessus de 8 provoquera des chloroses car des oligo-éléments comme le fer, le cuivre et le zinc et surtout le bore ne seront plus solubles et donc assimilables par les plantes.
Le compost
Le rôle de l’humus dans le sol est triple :
– Il est une réserve de flore microbienne qui à la propriété de rendre les engrais assimilables par les racines.
– Il rend les sols compacts plus perméables et aérés.
– Il agit comme une éponge et absorbe une grande quantité d’eau qu’il restituera en cas de besoin.
Le compost est le résultat de la décomposition de matière végétale. C’est donc la formation d’humus de manière contrôlée.
Pour que ce processus se fasse de façon optimale, voici les conditions à réunir :
- Pour qu’une matière organique puisse se composter, le rapport de son taux de carbone sur son taux d’azote, noté C/N, doit être au maximum 25 à 30. Plus il y a d’azote et donc plus C/N est petit et plus la fermentation est rapide. Si les végétaux sont secs ou ligneux, il y a de fortes chances pour que ce rapport soit supérieur à 30. Il faudra alors compenser le manque d’azote. On mélangera au tas quelques poignées d’engrais azotés comme l’ammonitrate. Si vous avez de l’argent à gaspiller, vous pouvez toujours acheter ces « activateurs de compost », vendu en petite quantité et qui ne sont en fait que ce même engrais azoté vendu à prix d’or.
- La matière doit être suffisamment humide. Un minimum de 50% d’eau par rapport à la matière sèche est nécessaire pour que la fermentation commence. Cette eau va s’évaporer avec la chaleur produite mais elle est en théorie remplacée par le vapeur d’eau créée par la fermentation. Toutefois, particulièrement en été, cet équilibre est rompu et le tas de compost peut s’assécher jusqu’au point où la fermentation s’arrête complètement. Il convient donc de surveiller ce point et arroser raisonnablement le tas de compost si nécessaire.
- La formation de l’humus à partir des débris végétaux se fait par des organismes aérobies, c’est à dire qui ont besoin d’oxygène. Le tas de compost doit donc permettre le passage de l’air. Il ne doit donc pas être trop tassé ou confiné dans une enceinte trop étanche. Il ne doit pas non plus être trop grand car le centre du tas ne sera pas assez aéré. Il ne devra pas dépasser un mètre de large.
- La température est un facteur essentiel de la rapidité de décomposition. En contradiction avec ce qui est dit ci-dessus, si le tas n’est pas assez large, pas assez tassé ou trop exposé aux courants d’air, sa température chutera et la décomposition des végétaux ralentira ou s’arrêtera. La température idéale se situe entre 25 et 40 degrés.
Toutefois, au début de la fermentation, la température peut monter au-dessus de 80 degrés ce qui est fort utile pour tuer les graines et organismes nocifs. - Les végétaux utilisés sont généralement très différents et ne se décomposent pas à la même vitesse. Il est donc important de bien les mélanger afin d’obtenir un résultat homogène.
La meilleure façon de l’incorporer au sol n’est pas de l’enfouir par un labour trop profond. Il vaut mieux le mélanger à la couche de terre superficielle afin qu’il continue à mûrir dans de bonnes conditions. Il descendra au niveau des racines de façon naturelle et progressive par l’action des vers de terre.
Les fumiers
Il n’est peut être pas inutile de rappeler que le fumier est uniquement un excrément d’animal herbivore mélangé avec une litière exclusivement végétale.
Pendant des siècles, le fumier a été le seul produit employé pour améliorer la fertilité du sol. En fait, le fumier ne peut pas être considéré comme un engrais car il est extrêmement pauvre de ce point de vue. Il ne contient en moyenne par tonne que 3,5 à 6,5 kg d’azote, 1 à 5,5 kg d’anhydride phosphorique et 5 à 7 kg de potasse. C’est donc un engrais très pauvre et, de plus, déséquilibré, surclassé de très loin par les engrais chimiques. Par contre, il a une valeur irremplaçable comme amendement humique, comme ensemencement microbien et comme générateur d’enzymes. On ne peut donc se passer de fumier : « Fumier et engrais ne se remplacent pas, ils se complètent. »
Le fumier est une matière vivante dont il faut prendre soin, faute de quoi il perd une grande partie de sa faible valeur fertilisante. C’est principalement l’azote qui disparaît sous forme d’ammoniac. Il est facile de sentir son odeur piquante en pénétrant dans une étable mal tenue.
Si vous avez la chance de posséder des animaux qui vous le fournissent en grosse quantité et gratuitement, voilà comment il faut procéder pour éviter ces pertes.
– Dans l’étable, l’écurie ou derrière le clapier, établissez des rigoles de façon à recueillir les urines qui sont dirigées dans une fosse à purin étanche. De cette façon vous garderez un engrais précieux et une étable propre.
– Mettez le plus de litière possible. Les urines sont mieux absorbées et l’animal est mieux couché
– Retirez le le plus souvent possible car il fermente très vite dans les étables.
– Recouvrez chaque jour si possible les litières avec un peu de plâtre qui a la propriété de fixer l’ammoniac.
– Disposez le fumier en tas sur un terrain imperméable (cimenté ou argile battue) et protégé des eaux de pluie. Une rigole en fera le tour pour renvoyer le purin dans la fosse.
– Tassez le tas raisonnablement.
– Arrosez le souvent avec le purin que vous avez récupéré.
– Recouvrez éventuellement d’un peu de terre ou saupoudrez de plâtre.
Généralement, nous n’avons pas cette chance et nous devons acheter le fumier chez un éleveur.
Lorsqu’il nous aura été livré, il nous suffira de le traiter comme un tas de matière végétale à composter. Voir le chapitre « compost » ci-dessus.
En effet, le fumier ne doit jamais être utilisé frais mais doit être transformé en humus stable avant son enfouissement. Il y a trois bonnes raisons à cela :
– Une fermentation mal contrôlée ne tuera pas les germes pathogènes comme les champignons, les bactéries nuisibles. Elle ne tuera pas les graines indésirables qui pourront alors germer et nous envahir pour de nombreuses années.
– La fermentation sera beaucoup plus lente que si elle est faite dans un tas dont nous contrôlons l’humidité, l’aération et la chaleur. L’humus ne sera disponible que beaucoup plus tard et il risquera d’avoir perdu beaucoup de ses propriétés bénéfiques.
– Les bactéries utilisent une grande quantité d’azote pour transformer la matière organique en humus. Si elles ne la trouvent pas dans les tissus qu’elles sont en train de manger, elles la puiseront dans le sol et seront en concurrence avec les racines de nos oliviers.
Valeur des différents fumiers :
– Le fumier de volaille.
Ce fumier est tellement riche en éléments fertilisants, qu’on peut le considérer comme un engrais. Il contient en moyenne, par tonne, de 25 à 35 kg d’azote, de 20 à 25 kg d’anhydride phosphorique et de 15 à 20 kg de potasse, soit 4 fois plus que celui des ruminants.
C’est un fumier en général très sec qu’il convient de bien arroser pour le composter correctement. Toutefois, il ne faudra pas le noyer pour éviter de le lessiver et perdre tous ces précieux éléments fertilisants. Malgré sa forte teneur en azote, son rapport C/N est assez élevé, environ 10 et il aura du mal à fermenter si on ne l’aide pas de quelques poignées d’engrais azotés.
Si on fait des cultures alimentaires ou on élève des animaux dans l’oliveraie, c’est un fumier à risque car il peut contenir des germes de salmonelles ou de botulisme. Pour s’en prémunir, il suffit de le stocker au minimum trois mois après le compostage et de respecter un autre délai d’un mois après l’épandage, avant de remettre les bêtes en pâture.