Notre olivier, de son petit nom « Olea Europea », fait parti de la famille des Oléacées qui comprend, entre autre, les lilas (Syringia), les troènes (Ligustrum), les frênes (Fraxinus) ainsi que nombre d’arbustes comme les forsythias, les jasmins.
Il existe un grand nombre de variétés d’olivier, plus d’une centaine, toutes issues de l’olivier sauvage ou oléastre, dont on voit encore bien souvent quelques sujets dans les garrigues.
Il est originaire du proche orient et l’on dit que ce sont les Phéniciens qui l’ont introduit chez nous quelques 800 ans avant J.C. Sa domestication remonterait à 4000 ans avant J.C. en Mésopotamie (Syrie et Iran). Son aire de répartition est aujourd’hui située entre le 25ème et le 45ème parallèle de notre planète, dans l’hémisphère nord aussi bien que sud. C’est pourquoi on le trouve en Californie, au Japon, en Chine, au Mexique, en Argentine, au Chili ou en Australie. Dans tous ces pays, des centaines d’hectares sont plantés chaque année et le bassin méditerranéen dont la production représente 90% de la production mondiale, risque de perdre sa place un jour.
On dit que l’olivier est immortel. Il peut vivre jusqu’à 1000 ans et, si à cet âge canonique on le coupe, il produira immédiatement un rejet qui vivra lui aussi des centaines d’années.
De 1 à 7 ans, ce sera un juvénile qui ne produira pas d’olive.
De 7 à 35 ans, il commencera à produire tout en poursuivant sa croissance.
De 35 à 150 ans, il est en pleine maturité et sa production sera très abondante.
Au delà de 150 ans, son tronc commencera à se creuser, il perdra une partie de son écorce et sa production déclinera.
Néanmoins, un hiver marqué lui est nécessaire pour induire la production de fleurs et donc d’olives.
Nous sommes, en France, à la limite Nord de son aire de répartition. Environ tous les 30 ans, nous subissons un hiver rude avec des températures inférieures à – 15 degrés; que nos arbres ne peuvent supporter. La partie aérienne meurt et l’arbre doit être coupé pour laisser place à un de ses rejets. Les derniers épisodes fâcheux de ce type sont survenus en 1956 et 1985.
- On dit que l’olivier se plait dans des terrains pauvres où aucune autre production ne serait rentable.
C’est en partie vrai mais il produira d’autant plus que le sol sera riche et recevra un minimum de 220 mm d’eau par an.
Toutefois, un sol non filtrant et gorgé d’eau en permanence lui sera fatal.
Il est très accommodant quant au type de sol. Acide ou alcalin, tous lui conviennent avec toutefois une préférence pour un sol légèrement calcaire. - C’est un arbre au feuillage persistant donc toujours vert. Persistant ne veut pas dire que ses feuilles sont immortelles. Elles vivent en moyenne trois ans puis jaunissent et tombent, principalement en été.
Elles sont disposées de façon symétrique sur le rameau. Elles sont d’un vert foncé et luisant sur la face supérieure et d’un vert argenté sur la face interne. - Ses fleurs comprennent : une corolle, deux étamines, un calice à quatre pétales, un ovaire de forme arrondie qui porte un style assez épais et terminé par un stigmate. Il contient deux ovules.
Les fleurs d’olivier sont regroupées sur une petite grappe qui en compte de 10 à 20 et qui pousse au début du printemps à l’aisselle des feuilles sur les rameaux âgés de deux ans.
La plupart des oliviers sont auto-fertiles, c’est à dire que son propre pollen peut féconder ses propres ovaires. C’est particulièrement le cas du Cailletier. La fécondation se fait principalement par le vent et ne dure qu’une petite semaine par an. C’est pourquoi, les années où il pleut trop abondamment durant cette période ou le temps est brumeux, ne comptez pas trop sur une récolte abondante.
Les bonnes années, à peine 5 à 10% des fleurs produiront des fruits mais, étant donné leur nombre, c’est largement suffisant pour une bonne production.
Toutes ces fleurs fécondées donnent en principe une olive. Ce fruit est une drupe, c’est à dire un fruit à noyau. Il y a, parmi les amateurs d’olives qui n’ont jamais vu un olivier, une croyance très commune que nous allons essayer de corriger une bonne fois pour toute : Il n’existe pas de race d’olive verte. Toutes les olives deviennent noires en mûrissant.
Ce merveilleux fruit comprend :
- L’épicarpe qui est en fait la peau de l’olive. Elle est recouverte d’une matière cireuse, la cuticule, qui est imperméable à l’eau.
- Le mésocarpe qui nous intéresse particulièrement puisque c’est la pulpe du fruit. Elle est constituée de cellule dans lesquelles vont être stockées les gouttes de graisses qui formeront l’huile d’olive, durant la « lipogénèse » qui dure de la fin août jusqu’à la véraison.
- L’endocarpe qui est le noyau.
Il est formé de deux sortes de cellules :
– L’enveloppe qui se sclérifie l’été à partir de fin juillet.
– L’amande à l’intérieur du noyau qui contient deux ovaires dont l’un n’est pas fonctionel et donc stéril. Le deuxième produit un embryon qui, en situation favorable d’humidité, de chaleur et d’environnement, donnera peu être un jour un nouvel olivier.
Lorsque l’arbre est trop chargé ou qu’il ne peut subvenir à tous ses besoins (sécheresse exagérée ou sol trop pauvre), il élimine les fruits excédentaires au mois d’août.
D’un point de vue chimique, voici les principaux constituants de l’olive :
Composants | Pourcentage |
Eau |
50% |
La reproduction
L’olivier est un arbre merveilleux car il peut se reproduire par toutes les parties de lui-même :
- Par n’importe quel noyau de ses olives.
Cela prendra du temps et le rejeton obtenu risque de ne pas être conforme à notre attente car le pollen qui aura fécondé l’olive sera peut être issus d’un olivier dégénéré ou de race différente. Lorsque nous nous en apercevrons, 5 ou 6 ans aurons été perdus puisque ce sera lorsque l’arbre fera ses premiers fruits.
Certains pépiniéristes plantent des noyaux d’oliviers sauvages puis greffent les jeunes plants avec la variété désirée lorsqu’ils ont la grosseur d’un crayon. Cela n’est pas à recommander dans notre région car, au cas où les oliviers seraient gelés comme en 1984 ou 1956, les rejets qui repartiraient, seraient des oliviers sauvages sans valeur. - Par un morceau de la souche.
Il faudra choisir un olivier non greffé et qui fournit des olives de qualité. Les morceaux de souche pèseront à peu près 500g. Ils seront enterrés sous environ 5 cm de terre. Arrosés régulièrement, ils donneront un rejet qui atteindra 80 cm en un an. - Par souquets.
Il s’agit en fait d’un rejet d’environ 5cm de diamètre prélevé sur son pied mère avec un morceau de souche de quelques kilos. La saison la plus propice pour ce prélèvement est le début du printemps, mars ou avril. Le rejet sera coupé à 80 ou 100 cm de haut et le morceau de souche enterré sous 5 à 10 cm de terre. Il faudra, là aussi arroser régulièrement avant de voir apparaître les premières pousses. - Par bouture herbacée.
C’est là affaire de professionnel. Ce sont les meilleurs plants qu’on puisse obtenir si on les achète chez un pépiniériste reconnu et agréé par les organismes agricoles compétents.
Ce sont en fait des clones d’arbres choisis pour leur productivité, leur vigueur et leur conformité avec les standards de la race. Périodiquement, les syndicats oléicoles se chargent de leur approvisionnement et les vendent à des prix très avantageux.
La plantation
Quels arbres planter ?
Une fois encore, nous recommandons de ne planter que des Cailletiers.
– C’est indispensable si on veut faire partie de l’AOC « Olive de Nice ». Seul 5% d’oliviers d’autres races sont tolérés.
– Le Cailletier est parfaitement adapté à notre climat et notre sol.
A quelle époque les planter ?
Etant un arbre persistant, c’est à dire qui garde ses feuilles l’hiver, le jeune olivier est obligatoirement livré en pot. Il n’a pas, comme certains arbres fruitiers qui sont vendus avec leurs racines nues, une période de repos végétatif totale. On pourrait donc penser que l’olivier peut être planté à n’importe quel moment de l’année. C’est vrai mais le jeune arbre risquerait de souffrir gravement du froid l’hiver et de la sécheresse l’été. S’il survit, on aura perdu une année car il n’aura pas commencé à étendre son système racinaire pendant ces périodes difficiles.
La meilleure époque de plantation est le printemps, de mi-mars à mi-avril.
Comment s’y prendre ?
Plus le trou de plantation sera large et profond, plus le jeune olivier se développera rapidement. En effet, la terre remuée et mélangée avec de l’humus et de l’engrais complet, sera rapidement investi par le système racinaire de l’arbre.
Un trou d’un mètre cube est l’idéal. C’est un travail épuisant et, si on a plus d’une dizaine d’arbres à planter, l’aide d’un engin mécanique est indispensable.
Evitez de mélanger la couche de terre supérieure d’une trentaine de centimètres. C’est une terre riche en humus et très fine qui devra être remise au même endroit pour profiter au maximum aux racines du jeune plant.
Evitez également de lisser et de tasser les parois du trou car cela serait un obstacle à l’extension des racines. Pour la même raison, le fond du trou devra être ameubli, si besoin au moyen d’une barre à mine.
Si la terre est argileuse et imperméable, il faudra faire comme faisaient nos anciens. Ils déversaient au fond du trou une bonne quantité de grosses pierres et plantaient l’olivier dans une couche de terre végétale d’une trentaine de centimètres.
Ce système de drainage primitif mais efficace évitait le pourrissement des racines.
Au fond du trou, mélangé avec un peu de terre, on mettra du fumier bien décomposé et de l’engrais complet (12-12-17). En fonction du résultat de l’analyse de sol, on rajoutera des oligo-éléments comme 1/2 kg de sulfate de fer et 1/2 kg de sulfate de magnésie.
Le trou sera rebouché en rajoutant à la terre le même fumier bien décomposé ainsi que le même mélange d’engrais, surtout dans la couche supérieure.
Avant de procéder à la plantation elle-même, il faudra patienter encore deux semaines pendant lesquelles on arrosera sans excès (20 litres à chaque fois) tous les deux ou trois jours. Cela tassera la terre et évitera au jeune plant de descendre sous le niveau du sol à mesure que la terre descend ou de se retrouver avec sa motte de racines à nu.
Au moment de la plantation, on creusera un petit trou de la taille du pot. Pour sortir la motte du pot, il ne faut surtout pas tirer sur la tige de l’arbre. Il faut retourner le tout en maintenant la terre avec la paume de la main et secouer doucement en tirant le pot vers le haut. Avant cela et pour garder la motte bien compacte autour des racines, on aura humidifié la terre légèrement. Tout excès aura l’effet inverse.
Disposez la motte dans son trou et tassez la terre autour, là aussi sans excès. La surface de la motte, et donc la base de l’arbre, doit impérativement se trouver au niveau général du sol.
Il reste à planter un tuteur d’un mètre cinquante qui aidera l’arbre à pousser droit pendant les premières années de sa vie. Planter le si possible au nord par rapport au jeune plant pour éviter qu’il ne pousse de manière déséquilibrée en cherchant le maximum de lumière. Pour l’attacher utilisez un lien de bonne taille pour éviter de blesser l’écorce et ne serrez pas trop.
Pour terminer notre travail, il faut maintenant former une cuvette de terre qui retiendra l’eau d’arrosage au niveau des racines.
Enfin, dernier détail qui est vital pour le jeune arbre: la protection contre les rongeurs. En effet, s’ils sont présents dans votre propriété, les lapins ou mulots auront tôt fais de ronger l’écorce tendre du jeune tronc. Cela condamnera irrémédiablement vos jeunes pensionnaires à mort.
La meilleure façon de s’en prémunir est de protéger le tronc avec un manchon ou un filet en plastique d’au moins 50 cm de hauteur. Prévoyez le assez large car il devra rester 4 années au minimum.
Et ensuite ?
Un arrosage régulier est vital pour le jeune plant. Une vingtaine de litres immédiatement après la plantation puis 10 litres deux fois par semaine et jusqu’à 4 fois par semaine en été.
Pour éviter une évaporation excessive de l’eau au niveau des racines et maintenir la terre humide, il est recommandé de pailler les jeunes plants sur environ 1 m2. On peut utiliser de l’herbe sèche, de la paille, mais le meilleur est le plastique noir percé de quelques trous pour l’écoulement de l’eau. Il empêchera également la pousse de l’herbe contre lesquelles notre jeune arbre ne peut pas encore lutter.
Comme tous les autres oliviers, notre jeune pensionnaire recevra sa dose annuelle d’engrais. Par exemple 50 g d’engrais complet 12-12-17 en automne, dispersé sous la frondaison et un peu d’azote au printemps. On augmentera les doses de 50 g par an jusqu’à ce qu’il entre en pleine production.
Il ne faudra pas labourer trop près de l’arbre. Aux environs immédiats du tronc, il faudra enlever les herbes à la main uniquement. Il vaut mieux éviter d’utiliser du désherbant chimique quoiqu’en disent les fabricants. Par contre, on pourra très bien traiter la totalité de l’arbre avec un insecticide, genre Ultracide, pour le prémunir de l’attaque des ravageurs comme la Pyrale, le Neiroun ou la Teigne, même si on se l’interdit pour les arbres adultes.
Pour ce qui est de la taille, oubliez la pendant deux ou trois ans. (Voir chapitre « La taille de formation »
La greffe
Comme nous l’avons dit plus haut, la greffe de l’olivier n’est pas à recommander dans notre région. En effet, périodiquement, tous les trente ans environ, une vague de froid peut causer la mort de nos arbres. Le système racinaire, qui lui survit toujours, émettra des rejets qui seront de la race du porte-greffe, c’est à dire en général de l’olivier sauvage. Tout le travail sera à recommencer et de nombreuses années seront perdues. Le Cailletier est un arbre vigoureux, parfaitement adapté à notre région et n’a pas besoin d’un autre système racinaire que le sien.
Néanmoins, si vous habitez au bord de la mer, là où les oliviers n’ont jamais gelé, et que vous vouliez vous amuser, voici la méthode à suivre :
La meilleure période est le mois de mai lorsque la montée de sève est la plus importante.
Il y a deux méthodes :
La greffe en placage :
C’est la plus utilisée. Les greffons seront mieux soudés au porte-greffe et moins sujet à l’arrachement. D’autre part, il n’est pas nécessaire de couper les branches du porte-greffe et la récolte de l’année sera sauvée.
Les greffes sont prélevées sur des gourmands de 2 ans minimum. L’emplacement choisi doit être bien droit et comporter deux yeux à bois bien gonflés de sève. Découper une plaque de 4 cm de haut comme sur le dessin ci-dessous. L’aplatir doucement sans la briser.
Le porte-greffe devra avoir un diamètre minimum de 3 centimètres. Découper une fenêtre de la taille de la plaque. Ouvrir les volets avec précaution et ajuster la plaque à l’endroit dégagé.; Refermer les volets et attacher fermement le tout avec du raphia mais sans excès. Trois semaine après, on pourra enlever le raphia et deux semaines plus tard, on enlèvera les volets pour laisser les bourgeons se développer normalement.
La greffe en couronne :
Des branches de 3 cm de diamètre minimum seront coupées bien net et légèrement en biais, si possible vers le sud, pour éviter les eaux stagnantes. Plus la branche sera grosse, plus on pourra y mettre des greffons, ce qui augmentera les chances de réussite.
Faire une entaille verticale et soulever l’écorce sur une dizaine de centimètres.
Le greffon sera prélevé sur un gourmand de la l’épaisseur d’un crayon. Il sera coupé en biseau sur la moitié de sa longueur comme sur le dessin ci-dessous. Il suffira alors d’insérer ce biseau entre l’écorce et l’aubier et d’attacher le tout avec du raphia. La surface de coupe ainsi que la base des greffons seront recouvert de mastic à greffer pour éviter le dessèchement.
La transplantation
La transplantation de l’olivier est une opération relativement aisée qui doit avoir lieu de mars à juin ou de fin septembre à debut novembre quand le temps n’est ni trop sec ni trop humide.
Une fois retiré du sol l’olivier doit être replanté au plus vite. Le cas échéant prévoyez un container en plastique pour protéger les racines de votre olivier.
Avant de procéder à la transplantation mieux vaut pratiqer une taille sévère et préparer la zone à retirer autour de l’olivier en forme carrée en observant une distance qui devra être entre une fois et demie et deux fois la taille du tronc.
Pensez aussi à préparer à l’avance le trou qui va le receptionner qui doit être bien large et trés superieur à celui de l’arrachage et à faire une marque sur votre olivier de façon à ce qu’il conserve la même orientation lors de son replantage.
Vous pouvez mettre un peu de terreau en complément de la terre lors du rebouchage . Ensuite arrosez votre olivier.
En fonction de la taille de l’olivier à transplanter il faudra vous munir d’une pelle et d’une pioche ou d’une mini-pelleteuse voir plus si il s’agit d’un olivier centenaire..
Faites bien attention à abîmer un minimum les racines de votre olivier, plus l’opération sera propre plus votre olivier aura de chances de repartir.
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